Sandra Rougier

Ribolla

FotoMasterclass #6

Je suis au début de ma carrière artistique et le Fotomasterclass de FLORE, Sylvie et Adrian m’a permis d’atteindre ce je cherchais, une professionnalisation de ma démarche.
J’ai pu bénéficié d’un suivi sensible, attentif, soigné mais aussi riche en conseils techniques. Le groupe dans lequel j’ai évolué était fort sympathique, nous avons partagé nos projets dans une ambiance bienveillante. Nous resterons tous en contact dans l’avenir. Le soutien était particulièrement adapté à ma recherche car elle se situe à la lisière entre le numérique et les techniques historiques et j’ai été aussi bien conseillée dans un domaine que dans l’autre, c’est un des atouts qui fait de ce Fotomasterclass son excellence.

Sandra Rougier

C’est en découvrant avec surprise et fascination l’histoire de la mine de charbon de Ribolla, que j’ai voulu dédier à cette ville et ses habitants un projet de mémoire.
Son exploitation a commencé à la moitié du XIXème siècle en raison de la découverte d’un banc de lignite et s’est terminée 100 ans plus tard avec la fermeture de la mine.
Je passais souvent dans cette petite ville insignifiante située en Toscane où je possède une maison pour y faire les courses. Son aspect incongru sans aucun centre-ville et démuni d’identité apparente m’intriguait et m’a poussé à en chercher ses origines.
Peu manifeste et pourtant parsemé de réussite capitaliste, de désarroi social et d’accidents mortels, le passé de Ribolla est riche et réveille la curiosité et la volonté de comprendre.
Les habitants des alentours, qui ont presque tous eu un parent mineur, ont accepté, devant mes questions, de m’ouvrir leurs boites et albums de photographies de ce temps révolu. Les protagonistes de cette histoire sont réapparus par leurs images abimées et avec elles, les souvenirs de cette progression sociale gagnée au prix des salaires de la peur.
J’ai voulu mettre en lumière des femmes et leurs hommes victimes des tragédies et accidents.
Les hommes parce qu’ils y ont sacrifié leur vie.
Les veuves, parce qu’on ne parle jamais de leur condition. Elles sont les oubliées de l’histoire. Elles ont du poursuivre et protéger leur famille dans une époque où elles n’avaient aucun droit, ni sur la tutelle des enfants, ni sur le patrimoine familial. Malgré leur fragilité sociale, elles ont du souvent subir la honte et le déshonneur pour avoir accepté de l’argent de la part de la société Montecatini, exploitante de la mine, en échange de leur silence face à la justice. J’ai fait émerger les visages de ces femmes et leurs orphelins en leur donnant une présence forte grâce à la belle matière du charbon.
Ceux des hommes, ces moitiés de vie, ont été développés de façon à rendre l’image plus incertaine, se situant entre le négatif et le positif.
Aujourd’hui des traces discrètes témoignent de façon fragile de cette histoire à travers les ruines industrielles délaissées dans la campagne et les simples habitations dortoirs habitées désormais par les nouveaux migrants du travail. J’ai photographié ces restes
mélancoliques et mystérieux pour les présenter à côté des visages issus du passé.