Aassmaa Akhannouch

La maison qui m’habite encore…

FotoMasterclass #5

Aassmaa est représentée par la Galerie 127 de Marrakech.

Ce n’est pas une Masterclass où on vous donne des idées de prises de vue, où on vous propose des sujets de série à privilégier pour être plus visible ou plus tendance. C’est bien plus difficile. C’est une Masterclass où mon travail assidu, mon authenticité et mon implication émotionnelle ont été continuellement exigées. C’est apparemment le passeport pour progresser et pour être visible.
FLORE, Sylvie Hugues et Adrian Claret sont extrêmement impliqués et disponibles, tout au long des 8 mois auprès de chaque stagiaire pour lui apprendre comment développer un projet authentique, bien ficelé, allant du choix du sujet, des prises de vue, du tirage jusqu’à sa présentation finale aux galeries, concours, festivals etc….
Ce que j’ai trouvé intéressant c’est qu’après cette Masterclass on a les outils pour refaire tout cela pour tous les projets à venir.

Avec leurs points de vue et leurs apports complémentaires ils m’ont aidé à chercher au fond de moi, à explorer des pistes que je ne pensais pas «explorables» mais aussi à savoir lesquelles retenir pour ma série et auxquelles je devais renoncer… à comprendre que chaque image doit avoir sa place dans une série sinon je devais la laisser partir.
Je me suis beaucoup enrichie du travail des autres stagiaires, leurs recherches et leurs questionnements ont été très stimulants.
Les experts du dimanche matin m’ont aussi beaucoup appris et ont permis un regard très privilégié sur les coulisses du monde de la photographie.

Je ne suis certainement pas la même photographe après cette Masterclass.

Aassmaa Akhannouch

Mes parents sont maintenant tous les deux décédés.
Enfant, j’habitais une maison rouge. La « maison rouge » était mon adresse, c’était la maison adorée de ma mère.
Fermée pendant 30 ans j’ai dû y aller avec ma sœur pour la vider en raison de sa vente imminente. La maison contient encore quelques meubles, trois pruniers, quatre orangers et toute mon enfance.
Je me promène dans le jardin, il n’est pas si grand que dans mes souvenir…c’est la veille de la fête, çà sera probablement poulet aux olives demain…Ma mère prépare des cornes de gazelles, dans la cour devant la cuisine…c’est l’été et l’immense fenêtre du séjour est grande ouverte. Je m’approche, mon père et ma sœur sont tous les deux derrière un livre. Il y a des livres partout mais le soir on ne me lisait pas des histoires pour enfants, on me les racontait, c’est qu’il y a très longtemps les choses les plus extraordinaires pouvaient encore arriver…
C’est la fête demain. J’aurai un ruban dans ma natte, je ne jouerai pas trop le matin pour ne pas abîmer mes chaussures mais l’après-midi j’aurais oublié qu’ils étaient neufs…je regarderai ma mère se coiffer devant son miroir, peut-être qu’elle portera son caftan bleu pâle…
Je ne veux pas que cette maison soit vendue, je veux la garder en cette veille de fête, en cet été éternel, engloutie, endormie car elle n’a jamais cessé d’être mon adresse.